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En Charente, des maires apprennent à réagir face aux insultes et menaces de leurs administrés

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C’était un matin, à l’heure pressée où les parents déposent leurs enfants à l’école. Un père de famille se gare sur une place pour personnes handicapées qui ne lui est pas destinée. Le genre d’incivilités que Françoise Giroux-Mallot, la maire (sans étiquette) de Saint-Amant-de-Boixe (Charente), commune de mille quatre cents habitants au nord d’Angoulême, « ne supporte pas ». Présente sur les lieux, elle le lui fait remarquer. En réponse, l’élue de 68 ans reçoit en pleine figure un : « Faites votre devoir d’élue et fermez votre gueule ! » La scène se déroule devant la fille de 8 ans du père concerné.
Pour Françoise Giroux-Mallot, c’en est trop. Elle relève la plaque d’immatriculation du véhicule et porte plainte le ­lendemain. L’amende en faveur de la municipalité s’élève à 850 euros. Mais l’édile s’interroge : comment récupérer la somme ? Est-ce à elle de s’en charger ? Françoise Giroux-Mallot est baladée de procédure en procédure. « Il faut que ça suive derrière, sinon ça va recommencer », lâche-t-elle, décidée. Mais de là à aller sonner chez le riverain concerné…
Ce type d’incidents, les élus réunis ce 14 mars à Luxé, en Charente, en racontent de nombreux. Ce jour-là, ils sont neuf, tous issus de communes charentaises, venus assister à une formation contre les violences envers les maires et leurs adjoints. Réunis autour d’une grande table de la salle principale de la mairie, ils sont attentifs aux conseils prodigués par Xavier et Thomas (les prénoms ont été modifiés à leur demande), gendarmes référents du réseau des négociateurs de Nouvelle-Aquitaine, sous l’égide du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale.
Appuyés par un document PowerPoint bien rodé, les deux hommes expliquent en préambule comment réagit le cerveau face à une situation de stress, puis détaillent les réactions possibles. Ils illustrent leur propos avec plusieurs exemples, dont celui de la prise d’otages de l’attaque terroriste de l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier 2015 : un homme avait immédiatement jeté une boîte de petits pois sur le preneur d’otages. Un geste inutile qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.
L’objectif de la séance : décortiquer les situations de stress, énumérer les solutions possibles. A commencer par l’écoute, destinée à montrer la considération portée à l’administré agacé. Puis l’offre d’une solution, quelle qu’elle soit, pour désamorcer le conflit.
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